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dimanche 10 septembre 2017

« Lolita » de Vladimir Nabokov (1955)

Je tirai quelques amusements de cette nuit de noces, tant et si bien que la pauvre bécasse finit par avoir une crise de nerfs quand l’autre se leva. Mais la réalité ne tarda pas à s’affirmer. Les bouclettes blondes découvrirent leurs racines mélaniques ; le duvet se mua en brosse sur ses mollets rasés ; sa bouche palpitante et moite, si amoureusement que je la gavasse, trahit bientôt une ignominieuse ressemblance avec l’orifice homologue qui béait crapeaudesque, sur le portrait bien-aimé de sa défunte maman ; et bientôt, au lieu d’une pâle enfant des rues, Humbert Humbert eut sur les bras une massive et bedonnante baba, avec une poitrine ballonnée, des jambes trop courtes et un cerveau quasi inexistant. 

Que diraient mes éditeurs, ces personnages hautement académiques si je citais dans mon manuel la « vermeillette fente » dont parle Ronsard ou ce « petit mont feutré de mousse délicate, tracé sur le milieu d’un filet escarlatte », de Remy Belleau… ? 

D’emblée, j’eus la certitude que je pouvais embrasser en toute impunité sa nuque ou la commissure de ses lèvres et qu’elle se laisserait faire – mieux : elle fermerait les yeux selon les préceptes de Hollywood. Une double glace à la vanille nappée de chocolat brûlant – guère plus exceptionnel que cela. 

Avis était une enfant grassouillette aux jambes velues, un bourgeon latéral…

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