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dimanche 18 septembre 2016

« Le paradoxe de la vie - La biologie entre Dieu et Darwin » de Francis Kaplan (1995)

Le premier caractère d’un être vivant est d’être un ensemble qui n’est pas un agrégat – comme un tas de cailloux, mais une totalité […] Non seulement toutes les parties sont utiles, mais toutes se correspondent mutuellement – le premier point impliquant le second. 

La totalité que constitue l’être vivant n’est pas celle d’une simple forme géométrique – par exemple, un cercle – ou d’une œuvre d’art. C’est celle des moyens en vue d’une fin, comme dans une machine […] Organe veut dire primitivement « outil » en grec. C’est donc par l’outil qu’on a caractérisé la vie. 

« Ce qu’on appelle matière vivante, ne serait-ce pas seulement une matière qui se meut par elle-même ? Et ce qu’on appelle une matière morte, ne serait-ce pas une matière mobile par une autre matière ? »
(Denis Diderot, « De l’interprétation de la nature »)

« Les phénomènes vitaux ont bien leurs conditions physico-chimiques rigoureusement déterminées ; mais, en même temps, ils se subordonnent et se succèdent dans un enchaînement et suivent une loi fixée d’avance : ils se répètent éternellement avec ordre, régularité, constance, et s’harmonisent en vue d’un résultat qui est l’organisation et l’accroissement de l’individu, animal ou végétal. Il y a comme un dessein préétabli de chaque être et de chaque organe… »
(Claude Bernard, « Leçons sur les phénomènes de la vie », 1878)

Certes, les virus se reproduisent mais ils ne se reproduisent que dans la mesure où il pénètrent dans une cellule vivante et l’obligent à les reproduire ; autrement dit, il est même à la rigueur faux de dire que les virus se reproduisent, c’est la cellule où ils se trouvent qui les reproduit […] La plupart des biologistes sont d’accord culturellement sur le caractère non vivant des virus… 

… a-t-on fait des recherches en physique ou en chimie sur la base de la question : à quoi cela sert-il ? Lorsque le biologiste constate l’existence près des reins de deux masses semblant individualisées, il se demande très précisément : « à quoi cela sert-il ? », et il découvre la fonction des glandes surrénales. Quel physicien s’est demandé à quoi sert la loi de la chute des corps, et qu’aurait-il découvert à partir de cette question ? De même, jamais un astronome ne s’est demandé : « A quoi sert la planète Vénus ? » - pour en déduire, par exemple qu’elle sert à constituer le système solaire. 

L’être vivant se reproduit. Une machine ne peut pas se reproduire. Certes, il existe des machines capables de faire une machine, mais elles occupent toujours un volume plus important que la machine qu’elles font […]
L’être vivant se développe alors qu’une machine qu’on construit est construite pièce par pièce. Chaque pièce ayant dès le départ sa dimension définitive. On ne fabrique pas une 2CV qui devient peu à peu un camion ou une Rolls. 

L’être vivant peut, dans une certaine mesure, se réparer lui-même ; la machine ne le peut pas. Certes, il existe des ordinateurs capables de détecter et de repérer un composant défaillant, mais c’est seulement en le court-circuitant et en mettant en fonction à sa place un composant identique existant préalablement, alors que l’être vivant reforme la partie défaillante d’un organe. 

… si chaque être vivant était produit par le hasard, on devrait rencontrer infiniment plus de phénomènes de dystélie, d’atélie et de monstruosité que d’êtres vivants normaux… 

« L’admission d’un fait sans cause, c’est-à-dire indéterminable dans ses conditions d’existence, n’est ni plus ni moins que la négation de la science »
(Claude Bernard, « Introduction à l’étude de la médecine expérimentale »)

… ce qui reste sans cause, c’est la coïncidence entre l’instant où une série causale aboutit à la chute de la tuile et celui où l’autre série causale aboutit au passage de la victime à cet endroit. Le hasard est donc […] la rencontre de séries causales indépendantes. 

La probabilité pour qu’apparaisse par hasard une protéine est donc de 10286 […] nous sommes donc devant un hasard impossible parce qu’extrêmement improbable. 

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