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vendredi 24 juin 2016

« La prédominance du crétin » de Carlo Fruttero & Franco Lucentini (1988)

A y prêter attention, on voit que la terminologie relative au tourisme est, pour une bonne part, militaire : avant-gardes, colonnes, armées, vagues successives, prises d’assaut, rassemblements… 

L’Homme qui agit dans ces pages publicitaires qualifiées (et peut être dans la vie) ne sait qu’en faire, du livre. Son attention est tournée vers des images bien plus engageantes, son esprit occupé par des intérêts bien différents, ses yeux d’acier, tandis qu’il boit, voyage, fume, joue au golf et au tennis, regarde irrésistiblement plus loin, au-delà des siècles et des millénaires, vers les horizons vastes, non contaminés, de Néanderthal. 

Immergés comme nous le sommes jusqu’au cou dans une « actualité » qui n’est elle-même que vieillerie ressassée, médiocrité infiniment répétitive, nous croyons pouvoir nous en sortir en restant le plus possible « à jour », le plus possible « au courant », en marchant le plus possible du même pas que les nouveautés présumées des derniers mois, semaine, jour, heure, minute.  

On est alors reconnaissant à ces nobles animaux en voie (va savoir ?) d’extinction que sont les artistes solitaires qui, de leurs orbites autour de la Terre, s’obstinent encore à nous envoyer des signaux immuables est raréfiés. Tout passe. La vie de chacun n’est qu’une énigme mineure, qu’un bref et douloureux pastis. Tout ce que nous faisons n’est qu’un pathétique expédient pour tenir éloigner le vide, le non-sens, la vanité ultime des choses. 

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