Philippe Breton, pour sa part,
s'est penché sur « l'homme sans intérieur » que postule la pensée
communicationnelle (…) extérieur à lui-même, finalement superficiel,
inconsistant, témoignant d'un « nouvel
individualisme », et grand amateur d' « ego casting ». (…) notre société fortement communicante mais
faiblement rencontrante » (…)
Lucien Sfez (…) s'attache à deux figures bibliques pour expliquer sa vision d'une communication véritable, Moïse et Aaron. Le premier est le référent, il donne le sens ; le second est l'homme d'action « doté de toutes ses facultés d'homme et en proie à toutes ses contradictions ». Les deux forment une articulation remarquable de la verticalité et de l'horizontalité, « matrice symbolique de toute organisation humaine », permettant l'existence d'une « communauté de sens » (…)
La peur de ne pas être à jour à temps, étant donné la rapidité de circulation de l'information, conduit à la répétition, par copiage de la même source (…)
Si la liberté de la presse est stipulée dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 (article 11), elle s’accompagne également de la mention de limitations définies par la loi pour éviter les abus. La loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 les détaille. Au début du XXe siècle, des codes de déontologie du journalisme sont publiés, comme la charte des devoirs professionnels des journalistes français en 1918 (…)
La peur de ne pas être à jour à temps, étant donné la rapidité de circulation de l'information, conduit à la répétition, par copiage de la même source (…)
Si la liberté de la presse est stipulée dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 (article 11), elle s’accompagne également de la mention de limitations définies par la loi pour éviter les abus. La loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 les détaille. Au début du XXe siècle, des codes de déontologie du journalisme sont publiés, comme la charte des devoirs professionnels des journalistes français en 1918 (…)
En 1870 est fondée la Maison de
la Bonne Presse, à l'intitulé révélateur. Celle-ci est devenue depuis, en 1969,
le groupe Bayard Presse. Une de ses publications, La Croix, d'abord mensuel en
1880, se transforme rapidement en quotidien (…) les éditions Desclée de Brouwer,
fondées en 1877 à Bruges, en Belgique.
En 1912 (…) un décret de la
sacrée Congrégation consistoriale interdit les projections cinématographiques
dans les églises et les chapelles comme cela fut souvent le cas dès 1896 (…)
De 1897 à 1914, la Bonne Presse (ancêtre de l'actuel Bayard) produit plusieurs films religieux. En Italie, en 1909, à Milan, se tient le premier concours mondial de films à caractère moral. A la même époque en Autriche, un réseau de salles catholiques est constitué.
De 1897 à 1914, la Bonne Presse (ancêtre de l'actuel Bayard) produit plusieurs films religieux. En Italie, en 1909, à Milan, se tient le premier concours mondial de films à caractère moral. A la même époque en Autriche, un réseau de salles catholiques est constitué.
« Communiquer, c'est plus qu'exprimer des idées ou les sentiments,
c’est faire le don de soi par amour, selon la réalité profonde de son être : la
communication du Christ était « esprit et vie ». En instituant l'eucharistie,
le Christ nous a laissé la forme la plus parfaite de communion ici-bas : la
communication entre Dieu et l'homme et, par conséquent, le lien le plus étroit
et le plus parfait entre les hommes. Il nous a communiqué son Esprit vivifiant,
principe d'union. » (Instruction pastorale Communio et Progressio,1971).
En 1989, un texte (…) porte sur
la pornographie et la violence dans les médias (…) Pour ce qui concerne les
causes, (…) « un nihilisme moral de
désespoir s'y ajoute, qui fait du plaisir le seul bonheur accessible à la
personne humaine ».
En 2009, Benoît XVI aborde la
question de la « pollution de l'esprit » par
le « mal » présent quotidiennement
dans les médias. Cela, a-t-il souligné, nous habitue aux « choses les plus horribles » et nous intoxique « car la négativité n'est pas totalement
éliminé ». Le résultat est que « le
cœur s'endurcit et les pensées s'assombrissent ». Il remarque aussi : « Nous ne voyons que la surface des choses.
Les personnes deviennent des corps, et ces corps perdent leur âme, deviennent
des choses, des objets sans visage, interchangeables et consommables ».
En 2001, ces deux organismes fusionnèrent
et devinrent SIGNIS, association catholique mondiale pour la communication.
Elle a des membres dans 140 pays…
En Russie (…) en 2005, la chaîne
de télévision Soyouz, « union », a été lancée à Ekaterinbourg avec le soutien
de l'évêque local. D'abord locale et régionale, la chaîne s'est très vite
développée et propose aujourd'hui, via des satellites où les réseaux câblés, ses
émissions en continu non seulement en Russie, mais aussi en Europe, en Asie, en
Afrique du Nord et en Amérique. Plus que la télévision d'un diocèse, elle est
aujourd'hui la chaîne de télévision orthodoxe qui représente le Patriarcat de Moscou.
Celui-ci détient aussi une autre chaîne de télévision, Spas…
« Les médias sont aujourd'hui le terrain sur lequel se déroule la
bataille pour les cœurs et les esprits de nos contemporains, et cette bataille
nous ne devons pas la perdre » (allocution du patriarche Cyrille dans la
cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou, en 2010)
Pourtant, cette non-communication
engendre une souffrance à laquelle l'homme tente de mettre fin, notamment
lorsqu'il prend conscience de son dénuement, de sa faiblesse et de sa
fragilité. La reconnaissance et l'aveu de son impuissance sont le premier pas,
décisif, vers un rétablissement de la relation (2 Co 12,9). Il crie alors vers
le Seigneur pour rétablir la communication, comme Jonas du tréfonds du monstre
marin (Jon 2,3-10) ou comme Job qui cherche Dieu (Jb 23,2-9). De son côté, le
Seigneur essaie lui aussi de se faire entendre et fait savoir par les prophètes
que les êtres humains sont souvent fermés à ces appels (…)
Il est significatif, à cet égard,
que l'un des signes de la venue du Royaume de Dieu, dans le Nouveau Testament,
par l'action du Christ, est justement que les aveugles recouvrent la vue, les
sourds entendent, les muets parlent, comme l'annonce Isaïe (35,5). La
réconciliation amène le rétablissement d'une bonne communication.
Dieu a créé l'univers, il ne peut
donc être profane (terme dont l'étymologie, «pro fanum », « devant le
temple/lieu consacré », est à considérer).
On s'est souvent appliqué à
différencier la personne de l'individu qui, lui, se distingue par ce qui le
sépare des autres, car ce qui lui est propre est mis en avant et sert à le
cerner. Tandis que la personne unit à la fois ce qui est commun (…) et ce qui
distingue, expression de la richesse propre à chacun.
Emmanuel Mounier (…) considère
l'individu comme un « mouvement de repli
», tandis que la personne « ne croît
qu'en se purifiant incessamment de l'individu qui est en elle. Elle n'y
parvient pas à force d'attention sur soi, mais au contraire en se laissant
disponible, et par là plus transparente à elle-même et à autrui » (…)
Par l'impulsion du Créateur, et
grâce au souffle de vie reçu de Lui lors du face-à-face originel, il devient à
son tour créateur par l'usage d'une parole donatrice de vie. On ne saurait
mieux dire combien la communication véritable est créatrice. Par elle, ce qui
est informe (le tohu-bohu primordial)
est conduit à la forme, à la vie et à l'identité. Le face-à-face révèle la
personne.
Mais une rupture fondamentale est
constatée par Dieu lorsqu'il demande à Adam : Où es-tu ? (Gn 3,9), car Adam et Eve, entendant sa voix, se cachent
et s’enfuient et ainsi fuient le face-à-face.
« Le nom du Père ne désigne ni une essence, ni une action ; non (…), c'est
le nom d'une relation, le nom le nom de la manière dont le Père est à l'égard
du Fils, ou le Fils à l'égard du Père. » (Grégoire de Nazianze)
Dieu est l'amour qui se communique
(…) Cet amour, qui est relation véritable, se traduit et se renforce par le
don.
Le monde présent exalte l'individu
et non la personne (…)
La personne, au sens chrétien, concilie l'altérité et la communion (…) « Personne » signifie également «conscience d'une solidarité en profondeur », par-delà les vagues de la dispersion babélienne ; solidarité de toutes les créatures et de la Création qui sont mystérieusement reliées. Toutes avances dans une même direction, par-delà l'innombrable diversité des chemins.
La communication (…) est le mode
d'existence et de réalisation de la personne.
Pour cela, il est important de
valoriser l'autre personne, de s'appuyer
sur ses qualités et ainsi de l’amener par cette confiance, qui n'est en
rien aveuglément, à manifester les richesses qu'elle porte, et dont elle ignore
souvent la force des possibilités, pour les offrir aux autres et au monde.
Grégoire de Nysse (…) compare la « nature humaine » à un miroir car « elle se transforme selon l'image produite
par ses choix. Si elle se tourne vers l'or, elle ressemble à de l’or, dont elle
reflète l'éclat ».
Le respect est à la fois une
ouverture et une disposition générale, non divisée, non variable, non valable
pour les uns et pas pour les autres, car c'est
la mesure dont vous vous servez qui servira de mesures pour vous (Mathieu
7,2) (…)
Mais ce n'est qu'un préalable. Le
point clef, décisif, se résume en ceci : prendre
soin de l'autre. Certes, cela ne suffit pas pour tout transformer du jour
au lendemain, mais cela change radicalement l'orientation et agit en profondeur
(…)
Prendre soin de l'autre, cela
signifie le considérer vraiment, et plus encore l'éprouver, comme un frère ou
une sœur, c'est-à-dire une personne avec laquelle nous sommes mystérieusement
liés, une personne qui présente une autre face de nous-mêmes, dont la vie est
une aventure qui rejaillit sur nous.
(…) avoir l'intention d'être au
service de l'autre, de ce qu’il est et de ce qu'il porte en lui comme richesses
intérieures, qu’elles se soient manifestées ou non (…)
Une autolimitation est nécessaire
pour ne pas transmettre des peurs, des angoisses, des sentiments hypertrophiés,
ou une euphorie déséquilibrée, ou encore des pulsions malsaines, à autrui.
Prendre soin de l'autre veut dire aussi le protéger éventuellement de
nous-mêmes et lui offrir ce qu'il y a de mieux. Cela s'oppose à tout
exhibitionnisme, à toute logorrhée, de mots, de sons, d'images, à tout
débordement qui finit vite par l'étouffer.
Cette sobriété s'inscrit aussi
dans un rythme qui, tout en pouvant être soutenu, s'oppose (…) Au rythme
saccadé, susceptible par les moyens employés de provoquer des sensations fortes
qui n'ont ni pouvoir d'élévation, ni possibilité d'entrer dans les profondeurs
où l'on peut transformer la racine des choses.
(…) la manière dont le saint
russe Séraphin de Sarov (1759-1833) accueillait ses visiteurs. Il leur disait :
« Bonjour, ma joie !» ou encore
: « Christ est ressuscité ! »…
Aujourd'hui, les performances des
outils de haute technologie donnent l'impression fallacieuse qu'il suffit
d'écrire, de dire, de transmettre tout ce qui passe par la tête pour
communiquer. Cette croyance très répandue amène l'exposition d'innombrables
monologues, lesquels sont au mieux pour leurs auteurs autant de tentatives de
communiquer avec eux-mêmes, mais certainement pas avec les autres.
Publié par les Editions du Cerf :
http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?n_liv_cerf=9525
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http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?n_liv_cerf=9525
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